constallationss
SUPER FLUFFY MIC BRUSHING // TAPPING // MIC SCRATCHING // BRUSHING // WHISPERING // ADDICTIVE TAPPING ONE HOUR NO TALKING // THE TAPPING MASTER // NO TALKING // ROLE PLAYING // WITH INAUDIBLE WHISPER
pourquoi tellement de glam ? pourquoi tellement traditionnel ? si conventionnel ?

pour moi, le problème politique, c'est plutôt que la vidéo ASMR fabrique un système de "présence à la demande", et qu'on n'a plus besoin des autres pour être l'objet du soin.

Mrs. Dalloway : a nursemaid speaks to the man who is her patient ’deeply, softly, like a mellow organ, but with a roughness in her voice like a grasshopper’s, which rasped his spine deliciously  and sent running up into his brain waves of sound’.[27]
des cailloux
Je trouve la vidéo, image et son de bang bang super - est-ce grâce à la présence de Camille? Je pense que "oui".

Ce qui me plait le plus aussi, c'est la présence de Camille, parce qu'il est plus proche des sons, tandis que nous sommes toutes encore collées aux mots.

L'ASMR c'est l'envie de redevenir un bébé ?

Les vibrations produites par les vidéos ASMR
traversent le temps et l’espace : en faisant vibrer le micro, l’onde sonore voyage jusqu’à mes tympans, elle traverse les membranes de ma peau pour faire résonner mes os. La vibration sonore qui s’opère alors est matricielle, c’est celle de l’appareil lui-même qui, finissant au creux de l’oreille, se mêle à l’organique du tympan qui se met à vibrer avec lui. La relaxation induite par ce bruit sourd pourrait entrer en résonance avec la suggestions d’un retour in utero. Ce n’est pas en effet le bruit de la main caressante qui se fait entendre, mais le son du contact même. Comme dans le ventre de la mère, le bruit du monde arrive par vibration au travers des membranes de peau médiatrices avec lesquelles le contact est constant. Les sensations circulent ainsi, avec et au-delà des vidéos, pour traverser les corps par une série de médiations, qui floutent les séparations strictes des corps.
"mon langage ne consiste pas en mots ni même en symboles visuels, devant être interprété par les gens. Il consiste en une conversation continue avec chaque aspect de mon environnement qui me fait physiquement réagir à tout ce qui m’entoure. Dans cette partie de la vidéo, l’eau ne symbolise rien. Je suis simplement en train d’interagir avec l’eau de la même façon que l’eau interagit avec moi. Loin d’être gratuite, ma manière de bouger est une réponse constante à ce qui m’entoure en bougeant à ma manière, on dit que je suis « dans mon monde », alors que si j’interagis avec un nombre beaucoup plus limité de réponses, et que je ne réagis qu’à une part beaucoup plus limitée de mon environnement, les gens disent que je suis « ouverte à une véritable interaction avec le monde. » […] Il se trouve que la pensée des gens de ma sorte n’est pris au sérieux que si on apprend votre langage, quoique nous ayons pensé ou fait auparavant. Comme vous avec pu entendre, je sais chanter en chœur avec ce qui m’entoure. Mais c’est uniquement quand j’écris quelque chose dans votre langage que vous parlez de moi comme d’un être de communication."
“Of course, she’s an image on a screen : an inscription. And she’s stroking not my face, but my computer screen from the inside. But I strongly feel the contiguity of our rooms, hers opening on to mine with this as the window – this, my screen, my face.”, Emma Bennett, « Relief from a Certain Kind of Personhood in ASMR Role-Play Videos »
Je pensais qu'on allait parler de ça :
Et de ça :
Dans « The Autonomy of affect », Massumi décrit une réaction physiologique qui précède la ressaisie cognitive de l’événement comme émotion. L’affect précède l’émotion qui intervient dans un second temps, pour contenir cette « intensité » physique qui a eu lieu. Le tingle de l’ASMR pourrait également répondre à une telle définition :
"L’intensité est en-deçà de cette boucle, c’est un reste autonome non-conscient, jamais tout à fait conscient. Elle dépasse ce qui est attendu ou adapté, comme déconnecté d’un séquençage signifiant [meaningful sequencing], de la narration ou de la fonction vitale. Elle est délocalisée de la narration, s’étalant sur l’ensemble de la surface corporelle."
Pour Massumi, l’émotion qui caractérise ensuite cette intensité est un construit social qui a été fixé par une narration collective pour s’approprier ces réactions
Objet d’une attention sans faille, recevant une coupe de cheveux ou une observation de la pupille, adepte des décors de centre de soin ou de chambre aux draps propres, à la recherche de tapotement de bouteilles de verre ou de surfaces de plastique, avide de bruits de bouche servis par la commissure de lèvres en gros plan, détendue par la vision de mains malaxant une pâte brillante rose fluo, ou fascinée par le découpage au couteau de savons colorés : le point commun à tous ces triggers est qu’ils se fondent principalement sur des matières et des objets qui résonnent sous l’action de la guide, qu’il s’agisse d’objets massés devant le dispositif, ou directement du dispositif technique, dans le cas des jeux de rôle
Envie d'essayer de perdre le contrôle, je crois, mais ça ne marche jamais. L'exploration qui m'intéresse, je m'en rends compte après coup, c'est d'essayer de perdre le contrôle, d'être affectée :
J'avais vu dans l'ASMR quelque chose qui m'échappe, et je voulais creuser...